Résumés par intervenant > Fernandez-Vavrik German

Depuis la loi du 11 février 2005, l'enseignement supérieur en France connaît une massification importante. Cette augmentation du nombre d'étudiants s'accompagne d'un fort accroissement de la diversité étudiante avec notamment 2,2% d'étudiant.es reconnus en situation de handicap par les services universitaires (MESRI-DGSIP, 2022). Les établissements doivent s'adapter à ces nouveaux défis et bien souvent, dans un contexte universitaire axé sur l'excellence académique plutôt que sur l'inclusion, cette capacité d'adaptation repose sur l'étudiant.e. Ainsi, les tensions persistent entre les normes de performance et les idéaux d'inclusion. Les termes tels que "inclusion universitaire" semblent souvent être des slogans sans réels changements tangibles (Pelletier, 2022). 

Le projet dont nous allons rendre compte s'intéresse aux divers niveaux de vulnérabilité vécus par les jeunes adultes qui accèdent à l'enseignement supérieur et aux incidences qu'ils peuvent avoir sur les pratiques inclusives des enseignants. La question des approches méthodologiques inclusives et créatives en recherche pour répondre aux objectifs d'Horizon 2030 est centrale ici (axe 2).  

La contribution repose sur le projet de recherche Université Inclusive (APPI2023-U.Lyon2), constitué autour d'une équipe de 17 membres issus de diverses disciplines : anthropologie, sociologie, sciences de l'éducation et de la formation, sciences de l'information et de la communication, psychologie. Nous nous demandons en quoi l'environnement offert à l'université de Lyon est inclusif avec comme visée le repérage de leviers et freins caractérisés par les étudiant.es les plus vulnérables. Nous abordons ce sujet à partir de trois analyses interdépendantes : les étudiant.es de première année de licence, l'environnement qui leur est offert à l'université et les enseignant.es face à la diversité de la population étudiante accueillie. Le projet comprend donc trois enjeux avec des méthodologies mixtes : comprendre l'expérience étudiante au cours de sa première année universitaire ; dresser un inventaire de l'accessibilité des lieux de vies du campus et les manières d'habiter l'espace commun et de s'y repérer ; étudier le comportement des enseignant.es face à la diversité étudiante afin de repérer avec eux/elles les potentiels bénéfices d'une approche basée sur la conception universelle de l'apprentissage. 

Lors de cette communication, nous détaillerons l'approche méthodologique de recherche issue de cette rencontre interdisciplinaire ayant pour finalité d'expliciter la contribution du croisement des trois enjeux précités avec leurs méthodologies singulières. Nous tenterons d'illustrer cette créativité scientifique par les questions suivantes : comment la complémentarité disciplinaire permet-elle de rendre visibles les dynamiques inclusives à l'université tant sur le plan organisationnel que pédagogique ? Comment la pluralité des démarches méthodologiques contribue-t-elle à comprendre finement les facteurs que les étudiants identifient comme leviers ou obstacles pour leur réussite ? Enfin, comment apprécier les “effets indirects” (Buard, 2020) de cette créativité méthodologique pour les membres du projet de recherche, mais aussi pour les participants enseignants-chercheurs sur leurs propres pratiques enseignantes ?  

Cette réflexion réaffirme l'intérêt d'une démarche de recherche composite donnant l'opportunité de traiter de sujets engageants. La complémentarité méthodologique incite à réfléchir sur ses propres stratégies, fonctionnements ou mêmes capacités à considérer l'altruisme dans une réponse empathique au sujet de la prise en compte de l'éducation inclusive à l'université.