Résumés par intervenant > Sanchez Lisa

Les études internationales ciblées sur la compétence de compréhension (PISA, 2022), tout comme les directives ministérielles (MEN, 2022), font de la compréhension un enjeu majeur en France, les inégalités entre élèves continuant de se creuser. Il semble que travailler les habiletés de compréhension en condition d'écoute favorise le développement de ces compétences lors de l'entrée en lecture (Kendeou et al., 2009), et notamment de la production inférentielle, compétence déterminante à la compréhension de récits (Trabasso & Wiley, 2005) et accessible dès l'école maternelle (Reed et al., 2015). Aussi, solliciter la littéracie précocement auprès des élèves en réseau d'éducation prioritaire renforcée (REP+) permettrait de dépister les difficultés d'entrée dans la lecture et de fait, de minimiser les retards d'apprentissage (Bara et al., 2023). Si de récentes études se sont intéressées à l'impact de la théâtralisation de récits par les élèves (i.e., reader's theater) sur leur compréhension écrite et orale (Aktas, 2023 ; Lo et al., 2021), très peu d'études se sont penchées sur la mise en corps et en voix des textes par les enseignants. Pourtant, ce type de pratique, bien que peu répandue, aurait un effet positif sur les tâches de rappel des histoires, autrement-dit sur la compréhension globale du récit (Schmidt et al., 2023).
Ainsi, notre étude a pour but d'explorer les effets de la théâtralisation d'albums (lecture performative par l'enseignant) sur la compréhension inférentielle chez des enfants apprentis lecteurs (5 à 7 ans). Pour cela, 6 albums de la collection « Drôles de Petites Bêtes » d'Antoon Krings ont été sélectionnés : 3 pour la Grande Section de maternelle (GS, 5 à 6 ans), 3 pour le Cours Préparatoire (CP, 6 à 7 ans). Chaque album est enregistré sous forme de capsule vidéo, faisant défiler les illustrations du livre, dans trois modalités : faible prosodie (FP ; audio voix monocorde, peu d'intonation), prosodie marquée (PM ; audio voix avec modulations du timbre et de la vitesse) et théâtralisation (T ; vidéo avec conteuse théâtralisant, laissant voir gestes et mimiques). Un test de compréhension de 8 questions (4 inférences émotionnelles, 4 inférences pragmatiques) est élaboré pour chaque texte (Potocki et al., 2014), les réponses par question sont au nombre de 4 sous forme d'images.
Douze classes seront sollicitées : 6 classes de CP (3 REP+, 3 non REP), 6 classes de GS (3 REP+, 3 non REP). L'expérimentation se fera sur 4 temps et débutera par une évaluation de vocabulaire (EVIP, 1993) et de compréhension syntaxo-sémantique (E.CO.S.SE, 1996). Chaque classe verra les 3 histoires de son niveau (GS ou CP) et les 3 modalités de présentation (FP, PM, T). La tâche de compréhension aura lieu pendant la projection des capsules vidéo, qui seront stoppées à chaque question pour répondre sur les livrets individuels (on-line). Sur la proportion de réponses correctes aux énoncés, les résultats des élèves seront analysés et discutés à la lumière de la littérature existante, et permettront de proposer des pistes quant aux pratiques enseignantes favorisant la compréhension inférentielle chez les apprentis lecteurs de tous milieux.