Résumés par intervenant > Zanna Omar

Les enseignants impliqués dans l'éducation inclusive sont reconnus par la littérature pour être plus empathiques que ceux de l'enseignement général (Kourmoussi et al., 2016), ce qui peut comporter des risques d'épuisement pour leur propre bien-être (Dugas, 2020; Pounchou-Guilhamot, 2017; Warren, 2014). Plusieurs études suggèrent que la simple mise en relation entre enseignants-stagiaires et élèves en situation de handicap ne suffit pas à développer des attitudes positives (Barr, 2013) et suggèrent qu'une formation serait utile. Ainsi, des formations spécifiques, comme celles axées sur la didactique, l'empathie et la compréhension de l'agressivité, semblent améliorer significativement l'empathie des enseignants de l'école inclusive ainsi que leurs comportements prosociaux envers leurs élèves (Frei-Landau et al., 2023 ; Krtek et al. 2022 ; Smith et Landreth, 2004), bien que d'autres auteurs ne trouvent pas de changement significatifs (Mauceri et al., 2012). Des cours spécialisés, tels que ceux en neurosciences éducatives, montrent une augmentation de l'empathie chez les enseignants en formation, les rendant plus compréhensifs et motivés pour adapter leur pédagogie aux besoins spécifiques des enfants avec des troubles neurodéveloppementaux. Cependant, l'efficacité de ces formations en termes d'accroissement de l'empathie n'est pas uniformément reconnue, soulignant l'importance de méthodologies d'évaluation rigoureuses pour apprécier l'effet réel de ces formations sur les compétences d'empathie comme professionnelles des enseignants de l'école inclusive.

Mais, avant d'envisager de développer l'empathie des enseignants, définir clairement ce que l'on entend par empathie des enseignants nous semble essentiel avant d'envisager des stratégies pour la développer. Une revue systématique de la littérature réalisée à partir de la méthodologie PRISMA 2020 incluant 243 articles, de notre conception, montre que l'empathie des enseignants est envisagée comme une disposition, un trait de personnalité, une capacité ou une compétence. Pour le dire vite, la capacité d'empathie, plus largement utilisée, revêt souvent des aspects affectifs et cognitifs, compris comme la capacité à nommer et grader leurs émotions et reconnaître leurs besoins. La compétence d'empathie, elle, est un concept plus récent qui vise à maîtriser sa propre empathie pour autrui. C'est dans ce cadre que plusieurs auteurs engagent aujourd'hui la formation des enseignants vers une meilleure maîtrise des phénomènes de contagion émotionnelle, positive ou négative (Mamprin et al., 2024). Cette contagion émotionnelle est en effet incluse dans le phénomène d'empathie affective et incluse dans des échelles d'évaluation de l'empathie comme le Basic Empathy Scale (Dreer, 2021; Brunel et Martiny, 2004 ; Bensalah et al., 2016).

Pour contribuer à la réflexion, nous prenons appui sur une méthode mixte, qui vise à documenter de façon exploratoire un jeu de notre invention proposé sous forme dialogique lors d'une formation Cappei de l'Inspé de Nice: « le jeu des 2 quartiers ». Nous nous appuyerons sur l'analyse de questionnaires comme le Basic Empathy Scale et le Scale of Positive and Negative Experience ou SPANE (Diener et al., 2009) ainsi que des focus-group et des entretiens post-formation. Notre analyse vise à clarifier en quoi la contagion émotionnelle influence le développement de l'empathie chez les enseignants, et comment cette compréhension peut être utilisée pour améliorer les pratiques pédagogiques dans l'éducation inclusive.