Faire œuvre commune à partir de la pluralité des sensibilités et des regards
Nicole Goetschi Danesi  1  , Sabine Oppliger, Bationo Tillon Anne, Anais Bloch@
1 : Laboratoire Création et Recherche dans l'Enseignement des Arts et de la Technologie

Tisseron (2011, 2014) représente l'empathie sous la forme d'une pyramide constituée des trois étages suivants : (i) l'identification qui consiste à comprendre le point de vue de l'autre et ce qu'il ressent. (ii) la reconnaissance mutuelle qui fonde la réciprocité et renvoie à l'expérience du miroir. (iii) l'intersubjectivité qui consiste à reconnaître à l'autre la possibilité de m'éclairer sur des parties de moi-même que j'ignore. Nous souhaitons expérimenter au sein de notre atelier, un protocole permettant de favoriser cette troisième forme plus élaborée de l'empathie qui vise l'intersubjectivité dans des contextes pédagogiques ou de recherche en train de se faire. 

Notre protocole se déroulera en 3 temps.

Dans un premier temps, en vue de soutenir, dans l'ici et le maintenant, une attention à soi, aux autres et au monde, ouverte et curieuse, nous inviterons les participant·e·s à expérimenter quelques mouvements de corporéité. Ce terme désigne la perception des relations entre la conscience de son corps, des corps des autres personnes autour de soi et de l'environnement (Johnson, 2008 ; Emond, 2022). Il sera proposé à chacun.e de clore cette expérience initiale de résonance (Rosa, 2020) en traçant un dessin somatique qui se caractérise comme « une pratique graphique sensible mobilisant la conscience du corps (le soma = le corps vécu) » (Emond & Oppliger, 2022, p.68).

Dans un second temps, nous proposerons aux participant·e·s de réaliser un dessin à plusieurs mains. Ils seront installés en cercle autour d'un même objet. A tour de rôle, ils ou elles seront invité·e·s à produire un dessin commun sur une même surface plane. Successivement ils ou elles esquisseront leurs observations avec des couleurs différenciées. Il s'agira de proposer des formes de dessin à plusieurs, afin de développer une sensibilité aux êtres et à l'environnement, en cultivant le sens de l'observation. ( Nova, 2022)

Dans un troisième temps, nous reviendrons sur cette expérience collective en mobilisant le modèle MARO (Bationo-Tillon, 2013) afin de créer de la réflexivité collective. Le Modèle de l'Activité de Rencontre avec l'Œuvre en contexte muséal (MARO) permet d'envisager la singularité des participant-e-s, la variabilité des situations afin d'éclairer les différentes caractéristiques de l'activité du dessin à plusieurs. Ainsi, nous nous déplacerons sur les facettes sensibles pour mettre en partage les sensations et impressions des un.es et des autre.s telles qu'elles se seront déployées dans cette activité collective. Enfin, nous explorerons les composantes analytiques du modèle pour faire émerger une compréhension commune, tout en rendant visible la pluralité des points de vue et des expertises des partcipant.e.s. 

In fine, ce protocole permettra d'accompagner les enjeux d'un dessin collaboratif à plusieurs mains en changeant de point de vue et de perspective tout en produisant une fresque de la pluralité des regards.

Bibliographie dans la pièce jointe

 


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